Matériaux composites : Nantes dispose d’une force de frappe inégalée à l’échelle d’un seul territoire

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Dans une interview issue du NU Business Magazine #4 spécial Composites, Christophe Binetry, vice-président de Nantes Université délégué Entrepreneuriat, professeur à Centrale Nantes et chercheur au laboratoire du GEM (Institut de Recherche en Génie Civil et Mécanique), fait le point sur les enjeux industriels et territoriaux de ce matériau du futur, en évoquant notamment la force de Nantes dans le domaine des composites au niveau régional, national et plus encore. Extrait.

christophe binetruy nantes universite Comment se situe la recherche nantaise en matière de composites ?

Nantes est clairement identifiée sur la carte internationale des composites. Si on cherche un modèle équivalent, on n’en trouve qu’un seul, au Royaume-Uni, à l’université de Bristol avec le National Composites Center (NCC) : les Britanniques sont d’ailleurs venus s’inspirer à Nantes pour ce modèle !
Les Allemands ont également encouragé ce modèle avec leurs universités technologiques, à Hambourg et en Bavière. Ici à Nantes, nous sommes dans l’un des trois lieux européens des composites. Notre particularité, par rapport à Toulouse, c’est que la fabrication est ancrée à Nantes. À Toulouse, il y a des concepteurs, mais pas d’industrie chimique, par exemple. Ici, sur un territoire très localisé, nous avons tout ce continuum, sauf la grande chimie.
 
materiaux composites europe materiaux composites pays de la loire

Quel rôle jouent les collectivités dans cette structuration ?

Il faut reconnaitre que le territoire est très en soutien. Nous ne serions pas arrivés à cela sans l'appui de Nantes Métropole et de la Région Pays de la Loire. Mais aujourd’hui, ce soutien est récompensé puisque Nantes accueille le grand événement mondial des composites, le ECCM21 début juillet 2024 à la Cité Internationale des Congrès.

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D’où vient la spécialisation nantaise en la matière ?

L’intérêt porté aux composites par les laboratoires nantais est le fruit du dialogue avec les industriels présents sur le territoire. Ce n’est pas une industrie en soi qui s’auto-alimente : il faut qu’il y ait une demande. Automatiquement, cela génère des travaux de recherche. Clairement, l’existence de ces grands acteurs sur le territoire a été déterminante. Je retiendrai une date clé : le virage vers le Technocampus Composites en 2008. C’est à ce moment qu’on a pris conscience qu’il fallait rassembler les savoirs. C’est d’ailleurs cette masse critique sur les composites qui m’a fait venir à Nantes, en 2011, alors que j’étais chercheur à Lille puis à Douai. Je me suis dit que c’était là qu’il fallait être !

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Aujourd’hui, quelle est l’ampleur de la recherche nantaise sur les composites ?

Nous avons récemment dénombré 7 laboratoires de Nantes Université directement impliqués dans l’industrie du composite. 15 enseignant.es-chercheur.es travaillent à plein temps sur ces questions, avec une production d’une trentaine d’articles scientifiques par an. On peut également citer la soixantaine d’ingénieur.es de recherche qui se situent à l’interface du transfert de technologie. Il ne faut pas non plus oublier le Cetim, avec plusieurs dizaines d’ingénieur.es. Pour résumer, nous sommes une centaine d’ingénieur.es de recherche qui travaillons sur les composites, c’est une force de frappe inégalée à l’échelle d’un seul territoire.
 
Cartographie composites Nantes Universite
 

D’autant que ces scientifiques bénéficient de formations au sein de Nantes Université…

Effectivement ! On recense 300 étudiant.es en licence/bachelor qui touchent aux composites, près de 70 étudiant.es formé.es à Nantes en masters et près d’une cinquantaine doctorant.es en thèse formés en continu sur les composites à Nantes. Autre élément déterminant : on ne parle pas que de formation initiale, mais aussi de formation professionnelle continue, avec la Jules Verne Manufacturing Académy (JVMA), à Bouguenais, un outil remarquable. C’est une usine du futur, une usine digitale 4.0 avec des outils de pointe, portée par des industriels.

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Mis à jour le 03 juin 2024.